Evanson Mbugua vient du Kenya. Après ses études secondaires, il part en France étudier aux Beaux arts de  Pau, d’où il sort passionné par le design.

Il se désigne lui-même comme «recycleur graphique», se fixant pour tâche de redonner une seconde vie, plus colorée et plus vive, à des motifs  présents dans sa culture, en particulier dans les tissus africains - wax,  khangas,  batik, et dans  les pictogrammes de notre environnement. Il les stylise à l’extrême, leur donne une portée universelle pour les tisser ensemble et en faire le fond, ou mieux, la trame signifiante de son monde qui se rapproche du nôtre en réactualisant le contexte de nos symboles et mythes fondateurs. Il donne l’illusion de produire la toile du monde plus que de peindre une toile, et pour cela il assemble les pictogrammes qui paraissent les plus rudimentaires, ceux qui exigent une attention constante pour que la vie continue son cours, ceux qui avant l’écriture alphabétique  marquent  la mémoire et que l’on retrouve partout dans notre environnement quotidien. Il les relance et les remet en circulation dans le jeu du monde sous des verres qui révèlent l’épaisseur et la transparence de leurs concaténations.

Sur fond de recyclage généralisé face à l’érosion du temps, les fixés d’Evans  fonctionnent comme des vitraux, avec ce pouvoir qu’a la lumière de révéler les couleurs du fond, leur répétition rythmique tout en faisant naître à la surface des nuages de points qui par la vertu d’une écriture légère et aérienne se condensent en portraits, en instantanés pris dans cette turbulence de remous et d’images dont l’Afrique est le centre.