Omar Bouragba |
Né en 1945 à Marrakech . Maroc |
Issu d’une famille de lettrés pour qui la culture arabe classique constitue à la fois le socle et l’horizon d’attente, Bouragba tente, à l’orée des années soixante, une sortie loin du paradigme de l’écriture en adoptant l’option picturale comme mode d’expression. Il demeura aussi poète à ses heures. En maniant ainsi la double faculté d’écrire et de peindre, il a su échapper au creux de la faille qui tenait longtemps figés deux paradigmes : celui de la langue (le référent arabe) et celui de l’œil (le référent occidental). Aussi sa démarche peut-elle se lire et se percevoir comme un trait d’union entre deux mondes, deux postures d’être et de faire apparaître qui s’étend sur un demi-siècle. Pas surprenant s’il commence d’abord par être figuratif. C’est en 1967 que Bouragba esquisse, avec Hommage au poète, une approche abstraite. Pyramides, triangles, figures ovoïdes et sinueuses, courbes, syllabes arabes sont à chaque fois soumis à une opération de forclusion, de suspension de leur signification immédiate, de leur connotation ordinaire ou savante. Ils sont comme soustraits et extirpés de notre monde fonctionnel et utilitaire. Par l’usage personnalisé de la palette, atone ou sourde, par l’irruption furtive en clins d’œil elliptiques de graphes arabes déterritorialisés, par le jeu subtil de la mise en scène qui oscille entre l’éloignement qui obsède et le rapprochement qui rassure, Bouragba étale allègrement ce trait d’union entre deux modes d’être et de faire apparaître… |