Connu pour ses peintures peuplées d'étranges et inquiétantes créatures, mi-humaines mi-animales, Soly Cissé est l’un des représentants les plus en vue de la nouvelle génération d'artistes africains qui revendique sa "liberté de création", en s'éloignant de toute affirmation "d'africanité", de cette conquête identitaire, chère à la génération de Léopold Sédar Senghor, le poète-président sénégalais au pouvoir de 1960 à 1980. Peintre, sculpteur et scénographe, Soly Cissé se considére avant tout comme appartenant au monde. “Je suis un peintre de l'univers, un rêveur, souligne-t-il, je ne peux pas rester dans ma case! Je ne peins pas ce que l'on voit mais ce que l'on ressent. Je suis dans le domaine de l'imaginaire." Et s’il témoigne d’une conscience claire de la nature du monde d’aujourd’hui, de ses désastres, de ses métissages et de ses naufrages, il le fait avec puissance et espoir. Son oeuvre prend source dans un art brut qui fait voyager le spectateur dans un univers énigmatique et irréel, le plus souvent sur fond noir, où s’entremêlent, dans le plus grand désordre, animaux hybrides et êtres improbables saisis frontalement, brusquement. Allant droit au but et assumant parfaitement la première fonction d’artiste, celle de contester rôles et normes, Cissé ne clame qu’une seule influence, celle du fulgurant Jean-Michel Basquiat.